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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

que j’aurais pour une seconde patrie… J’y ai vécu de longues années… J’ai fait mes études techniques à Lyon. Le peu que je sais, c’est à votre pays que je le dois, et c’est pourquoi je voudrais le sauver… en même temps que je sauverais ma propre patrie, du sort qui les attend toutes les deux.

M. Dubreuil se lova, s’en fut ouvrir une valise, que fermait une serrure compliquée, et en sortit une carte d’état-major qu’il étala sur la tablette, à la place du jeu d’échecs, repoussé d’une main nerveuse :

— Suivez-moi bien, dit-il en soulignant ses explications de son index promené avec assurance sur la carte ; car, vous autres, en France, vous paraissez ne rien voir, ne rien comprendre de ce qui se passe en Europe ! Et cependant, tous leurs écrivains militaires l’ont déclaré, et Bernhardi en tête, l’attaque contre la France devra être brusquée et emprunter le territoire de Belgique… où déjà leurs voies de pénétration sont tracées… Les voici… À moins que cette attaque ne se produise de ce côté.

Et son doigt, brusquement abaissé, venait se promener dans la région de Brigue, sur la frontière italienne, qu’il suivit pour retrouver le territoire autrichien.

— Les Suisses ne sont pas gens à se laisser envahir sans protester, riposta André.

— Et leurs fusils protesteraient ferme, je vous le jure, déclara François Merlier avec véhémence. Mais il est des procédés susceptibles d’annihiler une défense, quelque énergique soit-elle…