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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

flanc français par la région lyonnaise, était si nouvelle, si invraisemblable, que le jeune homme ne put réprimer un sourire d’incrédulité…

— Ne croyez pas à des combinaisons folles, nées dans un cerveau surexcité par le patriotisme !… Si je vous parle ainsi, c’est parce que je sais, parce que j’ai vu… parce que j’ai agi !… Vous entendez, j’ai agi !…

« Et c’est parce que j’ai agi… que je sens la mort rôder ainsi sans trêve autour de moi !… Car moi, je puis annihiler leurs plane ! Ils le savent, et le jour où j’aurai disparu, ce sera pour eux comme s’ils avaient gagné une bataille…

« Pendant près de dix ans, j’ai travaillé comme contremaître électricien à la construction du tunnel de Lötschberg, et c’est ainsi que j’ai été amené à découvrir les manœuvres de leurs agents… Longuement, patiemment, ils ont miné le tunnel en des points que je suis parvenu à repérer… Moi, alors, j’ai contreminé de mon côté, retournant contre eux leurs combinaisons, si bien qu’au jour où ils voudraient agir, c’est moi qui, les devançant, agirais… Et malgré tous leurs efforts, toutes leurs recherches, ils ne sont pas parvenus à découvrir le point sensible, celui où un doigt, appuyé sur un commutateur, suffira à ruiner les belles combinaisons du kaiser…

Sa bouche se tendit dans un rire silencieux :

— Si j’ai changé de nom, de nationalité ; si je me suis expatrié, c’est parce que je sentais rôder autour