Page:Le Faure - La mystérieuse aventure de Fridette, 1934.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

caprice des vents et à l’agitation des flots…

Sur le pont, les passagers, avec l’aide des matelots, s’empilaient dans les embarcations qui, à force de rames, s’éloignaient par crainte que le navire, en coulant, ne les entraînât dans le gouffre liquide.

Par les soins d’André Routier, Mlle Dubreuil avait trouvé place dans le premier canot qui avait quitté le bord : Fellow n’avait pas abandonné sa maîtresse et s’était glissé à sa suite…

André, lui, avait refusé de l’accompagner, déclarant que sa place était à bord, tant qu’il y resterait une femme ou un enfant…

Cependant, le bâtiment continuait de flotter et un officier, que le commandant avait envoyé inspecter la cale, était remonté, déclarant que la voie d’eau pouvait aisément, avec quelques heures de travail, être aveuglée ; cette nouvelle, aussitôt transmise aux passagers et à l’équipage, avait ramené la confiance…

Néanmoins, par prudence, le commandant avait continué à faire procéder à l’embarquement…

Sur sa dunette, le cigare aux lèvres, il surveillait les mouvements du bord, d’un œil calme, comme s’il se fût agi d’une simple manœuvre…

— Un havane, proposa-t-il du haut de la dunette au colonel qui faisait les cent pas devant ses hommes ; ceux-ci, sac à terre, les fusils en faisceau, attendaient leur tour d’embarquement…

Lestement, le colonel gravit les degrés qui montaient à la passerelle.