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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

Ce n’était pas M. Routier !… Pourquoi n’était-ce pas lui ?…

Vivement, de ses mains tremblantes, elle se vêtit sommairement et descendit l’escalier…

Il fallait qu’elle sût le motif de ce retour inattendu et de l’absence du compagnon de M. Heldrick.

Celui-ci, au moment où elle apparaissait sur le seuil, lui tournait le dos : debout devant le buffet, il avalait un grand verre d’eau-de-vie qu’il venait de se verser…

Brusquement retourné, il considéra un moment la jeune fille d’un air singulier et balbutia :

— Vous m’excuserez… Mais il fait un tel froid dans la montagne que, vraiment, j’avais besoin de me réchauffer…

D’un geste las, il avait laissé glisser sur le plancher la lourde charge qu’il portait sur le dos : déjà dans un coin se trouvaient son piolet et sa carabine, déposés en entrant…

Et il demeura là, regardant la jeune fille avec des regards étranges que paraissait troubler déjà la lampée d’alcool qu’il venait d’avaler d’un trait… Puis, comme gêné par la stupeur de Fridette, il détourna la tête…

— Vous êtes seul ? interrogea-t-elle… et M. Routier ?… et le chien ?…

Il s’assit lourdement, les jarrets comme subitement coupés :

M. Routier m’a quitté… oui… il a voulu, malgré mes avis, pousser jusqu’à un passage dangereux en cette saison, à cause des avalanches… Et, ma foi,