Page:Le Faure - La mystérieuse aventure de Fridette, 1934.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

comme je n’ai pas pu lui faire entendre raison, je l’ai laissé agir à sa guise…

— Vous n’auriez pas dû vous séparer de lui ! clama-t-elle, affolée…

M. Heldrick, chez lequel, sous l’influence de l’alcool, une certaine excitation commençait à se manifester, asséna sur la table un coup de poing violent et gronda :

— Qui vous dit que je l’aie abandonné ?… C’est lui, au contraire, qui m’a quitté… Moi, je l’ai attendu pendant onze heures, au risque de périr de froid, à l’endroit où nous nous étions quittés !… Au bout de ce temps, comme je gagnais la mort au milieu de la neige, je suis revenu… pensant d’ailleurs qu’il s’était débrouillé tout seul et que je le retrouverais ici…

Sa réponse sentait l’insincérité et, comme le regard de la jeune fille pesait à nouveau sur lui, pour faire diversion, il empoigna la bouteille d’eau-de-vie et se versa une nouvelle rasade, qu’il lampa d’un trait.

— Bast, fit-il, ne vous inquiétez pas… Il reviendra…

Il se leva péniblement, titubant presque, car l’alcool, tombant dans son estomac vide, avait produit un effet quasi foudroyant, et elle le regardait en silence traverser avec peine la salle.

— Bonsoir, bafouilla-t-il, je vais me coucher…

Il avait gagné sa chambre, dont, maladroitement, il réussit à ouvrir la porte, et il disparut avant qu’elle eût eu la présence d’esprit de lui demander de plus amples explications…