Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/70

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LES VISIONS

DE DSCHELLALEDDIN



Allah lui parle :

La terre, l’Océan et le ciel sont mon corps ;
Je suis tous les vivants et je suis tous les morts ;
Le soleil, ce grand cœur brûlant, est mon cœur même ;
Je meurs et je renais sans fin, je souffre et j’aime.
Chacun de vous peut dire, ô rayons dispersés,
J’étais le Créateur dans les siècles passés !
Je suis le Tout vivant, vous êtes mes parcelles,
Vous jaillissez de moi comme des étincelles.
Aimez donc, brillez donc, brûlez, âmes de feu,
Et rentrez en mon sein ! Vous redeviendrez Dieu !
Alors vous comprendrez le mystère des choses,
Que la vie et la mort sont les métamorphoses
De l’Être qui ne peut commencer ni finir,
Que je suis le présent, le passé, l’avenir,
L’Océan éternel d’où tout astre se lève,
Et que nous tous aurons donc fait le même rêve !
Poëte, en reflétant le monde dans tes vers,
Te souviens-tu d’avoir créé cet univers ?