Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/141

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qui suintent. Elle qui, près de toi, se plaisait aux riches étoffes fourrées de vair, aux joyaux, aux salles parées de marbre, elle qui jouissait des bons vins, de l’honneur, de la joie, quand elle verra la cour de tes lépreux, quand il lui faudra entrer sous nos taudis bas et coucher avec nous, alors Iseut la Belle, la Blonde, reconnaîtra son péché et regrettera ce beau feu d’épines ! »

Le roi l’entend, se lève, et longuement reste immobile. Enfin, il court vers la reine et la saisit par la main. Elle crie :

« Par pitié, sire, brûlez-moi plutôt, brûlez-moi ! »

Le roi la livre. Yvain la prend et les cent malades se pressent autour d’elle. À les entendre crier et glapir, tous les cœurs se fondent de pitié ; mais Yvain est joyeux ; Iseut s’en va, Yvain l’emmène. Hors de la cité descend le hideux cortège.

Ils ont pris la route où Tristan est s’embusqué. Gorvenal jette un cri :

« Fils, que feras-tu ? Voici ton amie ! »

Tristan pousse son cheval hors du fourré :