Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/147

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Le traître à son seigneur, on doit le faire écarteler par deux chevaux, le brûler sur un bûcher, et là où sa cendre tombe, il ne croît plus d’herbe et le labour reste inutile ; les arbres, la verdure y dépérissent. Tristan, rendez la reine à celui qu’elle a épousé selon la loi de Rome !

— Elle n’est plus à lui : il l’a donnée à ses lépreux ; c’est sur les lépreux que je l’ai conquise. Désormais, elle est mienne ; je ne puis me séparer d’elle, ni elle de moi. »

Ogrin s’était assis ; à ses pieds, Iseut pleurait, la tête sur les genoux de l’homme qui souffre pour Dieu. L’ermite lui redisait les saintes paroles du Livre : mais, toute pleurante, elle secouait la tête et refusait de le croire.

« Hélas ! dit Ogrin, quel réconfort peut-on donner à des morts ? Repens-toi, Tristan, car celui qui vit dans le péché sans repentir est un mort.

— Non, je vis et ne me repens pas. Nous retournons à la forêt, qui nous protège et nous garde. Viens, Iseut, amie ! »