Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/150

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cessons de le suivre ; il nous pourrait mener en tel lieu d’où le retour serait malaisé. »

Ils le laissèrent et s’en revinrent. Sous bois, le chien donna de la voix et la forêt en retentit. De loin, Tristan, la reine et Gorvenal l’ont entendu : « C’est Husdent ! » Ils s’effrayent : sans doute le roi les poursuit ; ainsi il les fait relancer comme des fauves par des limiers !… Ils s’enfoncent sous un fourré. À la lisière, Tristan se dresse, son arc bandé. Mais quand Husdent eut vu et reconnu son seigneur, il bondit jusqu’à lui, remua sa tête et sa queue, ploya l’échine, se roula en cercle. Qui vit jamais telle joie ? Puis il courut à Iseut la Blonde, à Gorvenal, et fit fête aussi au cheval. Tristan en eut grande pitié :

« Hélas ! par quel malheur nous a-t-il retrouvés ! Que peut faire de ce chien, qui ne sait se tenir coi, un homme harcelé ? Par les plaines et par les bois, par toute sa terre, le roi nous traque : Husdent nous trahira par ses aboiements. Ah ! c’est par amour et par noblesse de nature qu’il est