Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/152

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dent veut crier encore, et Tristan le corrige. En l’enseignant ainsi, au bout d’un mois à peine, il l’eut dressé à chasser à la muette : quand sa flèche avait blessé un chevreuil ou un daim, Husdent, sans jamais donner de la voix, suivait la trace sur la neige, la glace ou l’herbe ; s’il atteignait la bête sous bois, il savait marquer la place en y portant des branchages ; s’il la prenait sur la lande, il amassait des herbes sur le corps abattu et revenait, sans un aboi, chercher son maître.


L’été s’en va, l’hiver est venu. Les amants vécurent tapis dans le creux d’un rocher : et sur le sol durci par la froidure, les glaçons hérissaient leur lit de feuilles mortes. Par la puissance de leur amour, ni l’un ni l’autre ne sentit sa misère.

Mais quand revint le temps clair, ils dressèrent sous les grands arbres leur hutte de branches reverdies. Tristan savait d’enfance l’art de contrefaire le chant des oiseaux des bois ; à son gré, il imitait le