Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/169

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tagne ou en Frise ; un jour, si le roi voulait me souffrir près de lui, je reviendrais et le servirais comme je dois. »

Inclinée aux pieds de l’ermite, Iseut dit à son tour, dolente :

« Je ne vivrai plus ainsi. Je ne dis pas que je me repente d’avoir aimé et d’aimer Tristan, encore et toujours ; mais nos corps du moins seront désormais séparés. »

L’ermite pleura et adora Dieu : « Dieu, beau roi tout-puissant ! Je vous rends grâces de m’avoir laissé vivre assez longtemps pour venir en aide à ceux-ci ! » Il les conseilla sagement, puis il prit de l’encre et du parchemin et écrivit un bref où Tristan offrait un accord au roi. Quand il y eut écrit toutes les paroles que Tristan lui dit, celui-ci les scella de son anneau.

« Qui portera ce bref ? demanda l’ermite.

— Je le porterai moi-même.

— Non, sire Tristan, vous ne tenterez point cette chevauchée hasardeuse ; j’irai pour vous, je connais bien les êtres du château.