Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/170

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— Laissez, beau sire Ogrin ; la reine restera en votre ermitage ; à la tombée de la nuit, j’irai avec mon écuyer, qui gardera mon cheval. »

Quand l’obscurité descendit sur la forêt, Tristan se mit en route avec Gorvenal. Aux portes de Tintagel, il le quitta. Sur les murs, les guetteurs sonnaient leurs trompes. Il se coula dans le fossé et traversa la ville au péril de son corps. Il franchit comme autrefois les palissades aiguës du verger, revit le perron de marbre, la fontaine et le grand pin, et s’approcha de la fenêtre derrière laquelle le roi dormait. Il l’appela doucement. Marc s’éveilla :

« Qui es-tu, toi qui m’appelles dans la nuit à pareille heure ?

— Sire, je suis Tristan, je vous apporte un bref ; je le laisse là, sur le grillage de cette fenêtre. Faites attacher votre réponse à la branche de la Croix-Rouge.

— Pour l’amour de Dieu, beau neveu, attends-moi ! »