Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/181

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Leurs deux chevaux marchaient côte à côte : il l’attira vers lui et la pressa entre ses bras.

« Ami, dit Iseut, entends ma dernière prière : tu vas quitter ce pays ; attends du moins quelques jours ; cache-toi, tant que tu saches comment me traite le roi, dans sa colère ou sa bonté !… Je suis seule : qui me défendra des félons ? J’ai peur ! Le forestier Orri t’hébergera secrètement ; glisse-toi la nuit jusqu’au cellier ruiné : j’y enverrai Perinis pour te dire si nul me maltraite.

— Amie, nul n’osera. Je resterai caché chez Orri : quiconque te fera outrage, qu’il se garde de moi comme de l’Ennemi ! »

Les deux troupes s’étaient assez rapprochées pour échanger leurs saluts. À une portée d’arc en avant des siens, le roi chevauchait hardiment ; avec lui, Dinas de Lidan.

Quand les barons l’eurent rejoint, Tristan, tenant par les rênes le palefroi d’Iseut, salua le roi et dit :