Aller au contenu

Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE SYLPHE Et le lendemain, on ferma la porte Du couvent prochain sur l'amante en deuil. Or, dans Roneevaux, la gorge maudite, Où, par trahison, sont morts tant de preux! Après la bataille, un pieux ermite Aperçut Roland qui rouvrait les yeux. Il avait au poing un tronçon d'épée: On voyait fendue, au-dessus de lui, La roche en granit qu'il avait coupée Et par où les bœufs passent aujourd'hui. Roland, bien pansé, revint à la vie: Il rentra chez lui plus prompt que le vent; Mais à son retour, il sut que sa mie Avait pris le voile au prochain couvent. Lors, sur le sommet d'un roc solitaire, Le comte Roland bâtit une tour D'où son œil plongeait dans le monastère Qu'il regardait tant que durait le jour. Une fois, il vit dans le cimetière Une tombe neuve, un nouveau cyprès; Il comprit pourquoi : la nuit toute entière Il pleura sa mie et mourut après. 1859. François PONSARD, de Vienne (1814-1867).