Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/131

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POÉSIES DES POÈTES DU DAUPIIINÉ 125 A L'AIMEE —*$*- Ores qu'autour de moi se faict la solitude Que n'ai plus que vieux murs pour plaisant horizon. Que je remains icy tout seul, et que l'estude M'a rattrappé soubdain et mis en sa prison, Ores que cetuy livre où lisais la Nature, Jà pour mon triste cueur en grand deuil s'est fermé, Et que plus ne verrai ciel, mer, fraîche verdure Non plus que tes beaux yeux ne ton front tant aimé, Mon test en mes deux mains, regardant la nuict sombre, Je veux comme un devin le temps interroger... Lors, me viennent au cueur ressouvenirs sans nombre Et de rien ne fauldrait que je cuyde pleurer. Pourtant ai ce plaisir qu'au creux de ma mémoire Restent tes traicts fixés ainsi qu'en un miroir, Si que ce gent pourtraict chasse mon humeur noire, Et tant que je le vois plus ne songe à douloir. D'auculnes fois me ris; aultres, donnes un gage De ta tant doulce amour, ains que fis au vieux temps. Et me remémorer les heurs de ce doux âge Au triste jour d'hui fait mes esprits contents. 1868. Gustave RIVET.