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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/144

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I38 LE SYLPHE PARDON A Mignonne. Je m'en souviens encor, c'est à l'heure où les roses S'entr'ouvrent aux rayons bienfaiteurs du Printemps, Que, Mignonne, je pris sur tes lèvres mi-closes Cet enivrant baiser qui fêta nos vingt ans !... Je m'en souviens encor, c'est aux jours gris, moroses, Où les bois sont déserts, où les tièdes antans Fanent les pâles fleurs, hélas! à peine écloses, Que tu me fis l'adieu dont j'ai pleuré longtemps... Mais, je quitte, aujourd'hui, le deuil de mon beau rêve, Car je sens que mon cœur, ô perfide enfant d'Eve, Quoique ayant durement souffert a pardonné ! Et comme pénitence, il te prie et t'ordonne De verser une larme, au dernier soir d'automne, Sur le doux souvenir de notre amour mort-né!... Alexandre MICHEL.