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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/147

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POESIES DES POETES DU DAUPHINE 141 J'étais plein d'ardeur et d'ivresse Et rien ne me donnait d'effroi ! A présent, mon cœur est tout froid : Il meurt, sans espoir qu'il renaisse. J'avais rêvé comme un enfant, L'amour profond, l'amour farouche, L'amour qui sacre ce qu'il touche Et qui fuit ce monde étouffant; L'amour obstiné qui défend Les baisers menteurs à la bouche, Et qui veut sur la même couche Brûler et mourir triomphant. — Oh ! que l'illusion est brève ! Le mirage se dissipant, L'espoir brisé meurt en rampant Et le rire en sanglots s'achève. Voyez-vous, la femme est une Eve Sur qui souffle encor le serpent, Et l'homme toujours se repent De mettre entre ses mains son rêve. J'invoquais d'un appel pieux Une âme en qui Vénus tressaille. Mais l'amour, hélas, on le raille ! En ce temps qui m'est odieux, Cœur, idéal, tout ça c'est vieux ! Passion, c'est un feu de paille ! Il est meilleur que je m'en aille D'un monde qui brise mes dieux. Je traînerais cette existence Morne, vaincu, désenchanté. Oiseau dans mon vol arrêté, Je boiterais dans ma souffrance !