Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

142 LE SYLPHE Sans amour et sans espérance, Je ne suis qu'un déshérité; J'écris sur mon début : Raté ! J'ai fini : qu'un autre commence! Si, pour mon coupable abandon. Quelque sermonneur savantasse, Faisant une docte grimace, Me dit indigne de pardon ?. . . Zut! va, déclame en faux-bourdon, Vieux magister au cœur de glace, Je voudrais te voir à ma place Lire et méditer le Phédon ! Oui, Platon, en son homélie Déduite avec le plus grand soin, Prouve, et je n'y contredis point, Que Dieu nous enchaîne à la vie. L'idée avec les faits varie ! La Réalité, de son poing, Culbute Platon dans un coin ! Va ramasser sa théorie ! M'empêche-t-elle de souffrir, De crier, de verser des larmes ? Peut-elle me donner des armes Contre un mal dont je vais mourir ? Il n'est paroles pour guérir ! Hélas ! raisons ne sont point charmes ! Pour calmer toutes nos alarmes, A la Mort il faut recourir. La mort seule est douce et propice. Elle est le refuge et le port. Elle nous berce et nous endort, Comme son enfant la nourrice.