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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/160

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I54 LE SYLPHE LA MARSEILLAISE Ils sentaient palpiter en eux l'âme française Et,' devant les canons béants, Ces braves s'en allaient, chantant la Marseillaise, Cette prière des géants ! Ils étaient deux cent vingt : c'est peu contre une armée, Mais c'était assez pour mourir; Et tous voulaient donner à la patrie aimée, Leur sainte mort pour souvenir ! « Aux armes, citoyens ! » disaient toutes les bouches ; Aux armes ! Et déjà, près d'eux, A ce premier couplet pressant leurs rangs farouches. Les Prussiens s'avançaient, hideux. Ils chantaient, ils chantaient. Le drapeau tricolore Sans aigle, tordu, déchiré, Pour la dernière fois se relevait encore Devant le bataillon sacré ! On aurait pu le voir pencher, par intervalles, Car les Prussiens savaient, hélas ! Mêler au chant guerrier le sifflement des balles, Et leurs canons sonnaient des glas... Un vieux sergent blessé, mourant, debout quand même, Chantait l'hymne retentissant ; Et ceux qui se battaient, ô spectacle suprême ! L'œil en feu, les pieds dans le sang,