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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/161

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POÉSIES DES POÈTES DU DAUPHINÉ 155 Alors que les Prussiens leur faisaient une enceinte Qui se fermait à chaque instant, Chantaient toujours, ayant, dans leur colère sainte, Juré de mourir en chantant! N'importe! ils étaient trente encore, et la mêlée Devenait massacre. Un clairon Semblait faire jaillir la note échevelée D'une poitrine de lion. Au premier ! cria-t-il, et frappe ! Puis, terrible, Il dit : « Aux armes, citoyens! » Et chacun le suivit faisant, vivante cible, Honte de sa mort aux Prussiens ! Calmes, ils s'élançaient, dressant la baïonnette, Et la Marseillaise semblait, A cette heure sanglante, annoncer une fête Au bruit de son premier couplet. Les Prussiens éperdus, sentant la boucherie, Reculèrent presque un moment, Tant ils sentaient revivre une France aguerrie Dans cette œuvre de dévoùment ! « Marchons ! qu'un sang impur. . . » reprenaient-ils encore ; Mais un lâche avait crié : Feu ! Ils tombèrent... faisant du drapeau tricolore Un divin linceul devant Dieu. Auguste GILLOUIN.