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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/227

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REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS 20 — « Un mois après, j'étais à l'évêché de... Une femme entra. Dès mon premier regard, je reconnus en même temps que sa beauté, toute l'angoisse de son âme. Je ne m'étais donc pas trompé ; elle avait été coupable par amour, mais non par coquetterie ou perversité. Je m'etais dit en effet que celle qui avait pu inspirer une telle tendresse au noble blessé d'Héricourt, devait être noble, elle aussi, et mériter à son tour une consolation. Je lui rendis les lettres du soldat. Elle pleura longuement sur des souvenirs tant chéris ; mais digne jusqu'au bout de celui qui était mort en héros, et dont je lui contais la fin résignée et sublime, elle accepta de brûler devant le saint crucifix les restes d'une passion criminelle ; elle consentit à faire elle-même cet irrévocable et cruel holocauste que je n'avais pu me résoudre à faire sans elle. Comme lui, elle renonçait à sa passion par un triomphe définitif, et tandis qu'au trefois ils s'étaient rapprochés dans le crime, ils se rapprochaient maintenant et pour toujours dans le sacrifice. Peut-être cette union n'était-elle pas même alors conforme à la sainte vertu; qu'elle pouvait avoir de blamable et de trop humain. Du reste, je n'avais pu me décider à laisser par le monde une âme éternelle ment inquiète et tourmentée. Ayant pour elle une consolation toute prête, je sentais le besoin de m'en servir. Si j'ai eu tort, que le Dieu de charité me pardonne ! » Après dix ans, poésies par A. Gillouin (Paris, Lucien Duc, éditeur, i885. Prix : 3 fr.) Ce sont les premières poésies de notre confrère — qui vient d'ajouter à sa lyre une corde d'airain, en nous donnant La Chaîne rouge, dont Niemand a fait une savante analyse. Après dix ans est divisé en quatre parties : dans la première, Naturaf le poète chante Dieu, la nature et les fleurs avec une grâce infinie et une sincérité profonde. Oyez plutôt ces quelques vers pris au hasard : Salut, fleuves, salut, grands chênes! Sur elles brille un ciel plus bleu, Toute la nature est en vous. Et des flots de lumières blanches Quand je sens plier mes genoux, Viennent y mêler dans les branches Je vais dans les forêts prochaines. Autant de sourires de Dieu. N'est-ce pas que c'est fin, doux et délicat? Telle est toute la poésie d'Auguste Gillouin. Cependant, au milieu de ses extases, on trouve parfois une fortifiant l'emportait sur ce FIN. BIBLIOGRAPHIE