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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/259

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REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS 61 tfo jfc Lorsque j'approchai du dernier tableau, mon ami me toucha l'épaule du doigt et je le vis tout pâle, la figure changée. « — C'est la Mort du Soleil! » me dit-il à voix basse. Certes, je n'ai jamais vu une plus belle page de maître que cette œuvre étrange et surhumaine. — Quel cataclysme avait pu chan ger aussi profondément l'aspect des choses de la terre? Je ne sais, mais elle était là, d'une richesse, d'une laideur, d'un désolé qu'au cun homme n'a jamais vu. C'était donc une plaine sans bornes, absolument nue, sans arbres, sans eau, sans être vivant; des monuments et des villes, où des hommes auraient habité, faisaient de vagues tas de décom bres ; et toujours cette terre à vif, jaune, lépreuse, avec des taches de minerais ocreux! — Par-dessus cet horizon de déserts mornes, qui avaient été la plaine bruyante, un ciel terrible qui semblait la prunelle éteinte d'un aveugle. — En effet, une sorte de tache rou- geâtre décelait l'agonie du divin soleil, le seul vivant encore avant l'extinction définitive et irrémédiable des choses. Les hommes, eux, n'avaient pas même pu assister à sa dernière aurore. Les rayons éteints avaient laissé une longue ligne de feu sur le contour lointain d'une montagne et sur les arêtes des rochers, mais en ce moment, on voyait le Soleil mourant descendre lentement et pour jamais derrière l'horizon ! —, Et tous ceux qui ont fréquenté le sorcier Edgard Poë com prendront l'inexprimable Peur qui me saisit, quand je m'aperçus que la lugubre, que la visionnaire toile était signée : « Roderic Usher » / Paris, janvier 87. Léo NORE. BLONDÉÏSME FANTAISIE DÉCADENTE A Léonie Flaoula, SI ELLE ME COMPREND. Quelque folie originelle et naïvo, une extnse d'or. Je ne sais quoi ! Stéphàhe MALLARMÉ. Troublantement névrosée en la vision vague qui transgresse mes rêves ocreux; toi, toujours impeccablement flave !