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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/275

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REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS 77 résume, s'écria-t-il; la femme est presque toujours affreuse, elle a le ventre trop grand, les hanches trop larges, la poitrine trop grosse, les jambes trop en dehors. . . . C'est une anomalie, pres que une monstruosité et on l'aime. Voilà qui donne une crâne idée du genre humain ! Car enfin je ne puis comprendre qu'on aime quelque chose qui n'est ni beau, ni joli, qui est souvent affreux, qui est toujours une anomalie, quelquefois une monstruosité. Et c'est cependant ce que l'on fait. Ah! misère de nous! Je laissais Jacques sur ces réflexions pessimistes. Maintenant, belles dames, ne croyez pas un traître mot de tout ce que vient de me dire mon ami le gueux .... je vous expliquerai ça plus tard. Gaston DONNET. Baisers et Larmes, poésies par C. Niemand. — (Voiron, imp. Baratier et Mollaret, 1887. Prix : 1 fr.) Je viens de lire, je dois ajouter de relire, l'élégante plaquette que notre ami Niemand a publié ce mois-ci. Notre confrère manie bien l'outil du ciseleur, il triomphe de toutes les diffi cultés du rhythme, et certaines de ses poésies ont une coquet terie pleine de charmes. L'une d'elles, Profil perdu, est réelle ment belle, elle est délicate et mignonne, comme la plus délicate, comme la plus mignonne broderie. Elle a le fini étrangement gracieux des pièces erotiques de Baudelaire, et je soupçonne fort l'auteur de «Baisers et Larmes» d'être un fanatique de ce grand poète mort jeune. Niemand est un inapaisé ! ses amours sont robustes, et ses vers palpitants de désirs meritent d'être savourés longuement comme des baisers ! Ecoutez ! vous verrez si nous exagérons : Tu m'as laissé puiser aux trésors de tendresse Que tu gardais cachés à l'ombre de tes seins ; Je les ai découverts sous mes folles caresses, Au reflet de tes yeux limpides et sereins ! Délirant dans tes bras, je me suis laissé vivre, Toi seule étais alors le monde entier pour moi, L'idole révélé, l'être aimant qui se livre Et qui frissonne encor d'un indicible émoi.