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le pain, ni dans les images de pâtes, et quoiqu’il ait dit, qu’il étoit le Fils de Dieu, qu’il étoit le pain vivant, qui étoit descendu du ciel, que celui, qui le mangeroit, ne mourroit jamais, mais qu’il auroit la vie éternelle, et qu’il ait dit, que si on ne mangeoit sa chair, et que si on ne buvoit son sang, qu’on n’auroit point la vie en soi, il ne paroit point néanmoins qu’il ait jamais dit, qu’il étoit Dieu lui-même, ni qu’il falloit l’adorer comme Dieu, bien loin de cela, il s’apelloit souvent lui-même le Fils de l’homme ; et un certain quidam, lui aïant dit un jour[1] : Bon Maître, que faut-il que je fasse, pour avoir la vie éternelle ? il lui répondit : Pourquoi m’apellez-vous bon, puisqu’il n’y a que Dieu seul qui soit bon. Il ne se croïoit donc pas Dieu, et ne prétendoit pas qu’on le crut Dieu, ni qu’on l’apellât Dieu, puisqu’il n’aprouvoit pas même qu’on l’apellât simplement bon. Et après sa prétendue résurrection, voulant disparoître entièrement d’avec ses Apôtres, il dit à une femme, qu’il rencontra : Allez dire[2] à mes frères, que je m’en vais monter à mon Père et à votre Père, à mon Dieu et à votre Dieu. Il paroit encore assez manifestement par-là, qu’il ne se croïoit pas Dieu, puisqu’il reconnoissoit avoir un même Dieu, et un même Dieu pour père, avec ses Apôtres. D’ailleurs il disoit lui-même aussi qu’il étoit descendu du ciel, non pour faire sa volonté, mais pour faire la volonté de Dieu, son Père, qui l’avoit envoïé, et qui étoit plus grand que lui[3]. Cela étant, il ne se croïoit donc pas Dieu,

  1. Luc. 18. 19.
  2. Joan. 20. 17.
  3. Natu major me est. Joan. 14. 28.