Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/131

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in contradictione multitudinis[1]. Ne offendas quia abominatio est Domini Dei tui[2]. Constat enim Deum nostrum sic peccatis offensum ut mandaverit per prophetas suos[3]. Et dans leur prétendu St. Livre de la Genèse[4] il est marqué, qu’au tems de Noé Dieu fut si grièvement offensé par les péchés des hommes, qu’il s’en sentit frapé de douleur, jusque dans le coeur, et dit pour ce sujèt, qu’il se repentoit d’avoir fait l’homme… Tactus dolore cordis intrinsecus… Suivant quoi tous les Théologiens… etc. Deus qui culpâ offenderis poenitentiâ placaris. Orat.

Tous les Théologiens Christicoles demeurent d’accord, que la griéveté du péché est si grande, que quand même tout ce qu’il y a d’hommes et tout ce qu’il y a d’anges dans le ciel seroient assemblés, pour déplorer l’injure qu’il fait à Dieu, et pour en faire toute la pénitence, qu’ils seroient capables de faire, jamais, suivant ce qu’ils disent, ils ne pouroient par leurs larmes, ni par leur pénitence, ni par toutes les meilleures actions, qu’ils pouroient faire, dignement satisfaire à la justice de Dieu, offensé par un seul péché mortel. De sorte, suivant leur dire, que tout le sang des martyrs, par exemple, toute la pureté des vierges et tout le mérite des anges et des saints ne seroient pas suffisans par eux-mêmes, pour satisfaire dignement à la justice de Dieu offensé par le péché ; il falloit pour cela, disent nos Christicoles, les mérites infinis d’un Homme-Dieu, pour y satisfaire digne-

  1. Num. 27. 14.
  2. Deut. 7. 25.
  3. Judith. 2. 8.
  4. Ch. 6. 6.