Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/140

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À l’égard de l’exemple, que l’on pouroit alléguer, d’une injure ou d’une offense, qu’une personne de basse qualité commettroit à l’égard d’un Roi, ou à l’égard d’une personne de haute qualité, laquelle injure seroit, dit-on, beaucoup plus griève et plus criminelle, que si cette même personne commettoit une pareille offense à l’égard de son semblable : on en convient ; mais cet exemple ne prouve pas que ce seroit de même à l’égard d’un Dieu, parcequ’un Roi, ni aucune autre personne de quelque qualité que ce puisse être, n’est entièrement au-dessus des rigoureuses atteintes des injures et des offenses, que les personnes de la plus basse qualité pouroient leur faire, bien loin de cela, étant d’une complexion plus délicate que les autres, ils en ressentiroient eux-mêmes plus vivement la rigueur des atteintes ; c’est pourquoi aussi ils s’en tiendroient beaucoup plus offensés, que ne feroient d’autres, qui seroient de moindre qualité. Mais ce ne seroit point le même d’un Dieu, qui seroit infiniment parfait, parcequ’étant par sa nature même invulnérable, comme j’ai dit, inaltérable et impassible, il seroit infiniment au-dessus de toutes les atteintes des injures et des offenses, rien de tout ce que les hommes pouroient faire ne seroit capable de l’offenser. En effèt, si les vices et les méchancetés des hommes étoient capables d’offenser tant soit peu la divine nature, j’entends d’une offense réelle et véritable, car c’est ainsi qu’il faut l’entendre, s’ils étoient, dis-je, capables de l’offenser tant soit peu, on pouroit dire que Dieu seroit lui-même le plus offensé, le plus maltraité, le plus outragé et le plus tourmenté et par