Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/141

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conséquent, qu’il seroit aussi le plus malheureux et le plus misérable de tous. Car, être tous les jours en bute aux injures et offenses qu’une infinité d’hommes lui feroient tous les jours, si chaque vice et chaque péché, qui se commettent, lui faisoient seulement autant de peine, qu’une mouche ou qu’une puce seroit capable d’en faire à un homme, ce seroit assez pour le rendre le plus tourmenté et le plus malheureux du monde. Imaginez-vous quelle peine et quel tourment ce seroit pour un homme, s’il étoit continuellement et à tous momens piqué ou mordu d’un million de mouches ou de puces, qui seroient incessamment à l’entour de lui, à le mordre, ce lui seroit certainement un tourment plus fâcheux et plus insuportable, que la plus douloureuse maladie, ne lui en pouroit faire ; la mort même lui seroit plus suportable et moins fâcheux qu’un tel suplice.

Voilà cependant en quelque façon l’image de l’état, où, selon nos Christicoles, leur Dieu seroit réduit, si les vices et les péchés des hommes étoient capables de l’offenser tant soit peu ; car, quoique chaque vice ou que chaque péché ne l’offenseroit pas beaucoup, cependant le grand nombre et la multitude presqu’infinie de vices et de crimes et de péchés, qui se commettent tous les jours et à tous momens dans le monde, le rendroient le plus malheureux et le plus misérable de tous les êtres. Or ne seroit-il pas ridicule et absurde de dire, qu’un Dieu, qui seroit l’Être tout-puissant, l’Être infiniment parfait, et qui par conséquent devroit aussi être le plus heureux, le plus tranquile et le plus content, séroit néanmoins, pour