Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/155

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méchans, et les innocens comme les coupables, et les justes comme les injustes ; ce qui étant manifestement contraire à la souveraine bonté, à la souveraine sagesse et à la souveraine justice d’un être qui seroit infiniment parfait, il n’y a nulle aparence que les peines et les maux temporels de cette vie soient véritablement des punitions de Dieu. Ce ne sont que des effets naturels de la constitution des choses, qui sont corruptibles et mortelles. D’ailleurs seroit-il croïable qu’un Dieu, qui seroit infiniment bon et infiniment sage, et qui auroit créé les hommes pour les combler de biens et de faveurs et pour les rendre perpétuellement heureux et contens dans un Paradis terrestre, auroit voulu, incontinent après les avoir créés ainsi, les exclure entièrement de sa grâce et de son amitié et les réduire tous dans cette malheureuse nécessité, de souffrir toutes les peines et toutes les misères de cette vie, et cela pour la faute d’un seul homme, et même pour une faute aussi légère, que seroit celle d’avoir indiscrètement mangé dans un jardin, d’un fruit qui lui aurait été défendu ? Cela n’est pas croïable ! Quoi ! un Dieu infiniment bon, infiniment sage, auroit voulu faire dépendre tout le bonheur ou tout le malheur temporel et éternel de tous les hommes, d’une vaine et légère obéissance, ou désobéissance d’un seul homme foible et fragile, dont il aurait connu la foiblesse et la fragilité et qu’il auroit même bien prévu devoir tomber dans cette désobéissance ? Cela n’est pas croïable. Quoi ! pour une telle faute et pour une telle désobéissance, qui n’étoit qu’une bagatelle, qui n’étoit de nulle conséquence en elle-