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elles tendent encore manifestement à favoriser les méchans et à faire oprimer les bons et les foibles par les méchans : car d’un côté n’est-ce pas manifestement favoriser les méchans que de dire, qu’il ne faut point se venger des injures et des mauvais traitemens qu’ils nous feroient injustement ? N’est-ce pas les favoriser que de dire, qu’il ne faut pas leur résister, qu’il faut les laisser faire, et se laisser même dépouiller, lorsqu’ils voudroient nous prendre ce que nous avons ? N’est-ce pas les favoriser, que de dire, qu’il faut les aimer et leur faire du bien pour tout le mal qu’ils nous feroient ? Certainement c’est trop les favoriser, c’est les autoriser dans leur malice et dans leur méchanceté ; c’est leur donner lieu d’attaquer hardiment les bons et les foibles, c’est leur donner lieu de faire impunément et sans crainte tout ce qu’ils voudroient. D’un autre côté, n’est-ce pas manifestement aussi exposer les gens de bien, les bons et les foibles aux injures, aux insultes et aux mauvais traitemens des méchans, qui ne demanderoient pas mieux que de se prévaloir de ces belles maximes-là pour offenser et pour attaquer librement et plus hardiment les justes, les gens de bien et les faibles, sous prétexte qu’ils n’oseroient ou qu’ils ne voudroient pas entreprendre de se venger, ni même de se défendre contr’eux, comme ils le devroient faire ? Certainement c’est les exposer aux inj ures et aux insultes des méchans, et c’est en quelque façon vouloir que les bons s’abandonnent eux-mêmes en proie aux méchans et à leurs ennemis. Car comme les bons et les gens de bien ne sauroient