Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/214

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le même jugement, que Tertullien faisoit autrefois de plusieurs semblables habillemens, qu’il voïoit dans son tems être en usage parmi les prêtres des Idoles et des faux Dieux. Voici comme il en parle dans son petit livre du manteau..... Je n’excepte pas, dit-il, cette nouveauté d’habits, qu’un tas d’esprits bizares, extravagans et superstitieux ont aportés, le théâtre n’en a point de si ridicules, les pantalons ne sont rien en comparaison de ceux-ci, qui sont si grotesquement vêtus, que si ceux-là nous font rire, ceux-ci nous font pâmer. Mais ce que les bouffons, dit-il, font par plaisir et pour faire rire, ces mélancoliques et hypochondriaques le font par piété, pour efaroucher moins la Raison et accompagner leur extravagance de quelque sorte de respect, qui empêche qu’on ne les sifle. Ils jurent que c’est une Divinité qui les a ainsi accoutrés, que c’est l’honneur qu’ils lui doivent et non pas leur caprice, qui leur a fait prendre cet habit, qu’ils feroient contre la religion, qu’ils prennent exprès pour garant, s’ils s’habilloient autrement. Imposteurs, dit-il, qui intéressent une chose si sacrée dans leurs fantaisies, et qui veulent qu’un Dieu soit comptable de leurs sotises. Les uns, dit-il, sont vêtus de blanc, sans aucun mélange d’autre couleur, avec une bandelette, et portent un chapeau ou une péruque, qui en a la forme, avec un gâteau qu’ils mettent par dessus. D’autres prennent un habit tout contraire et sont aussi noirs que les autres sont blancs. Vous diriez qu’ils sont habillés de ténèbres, tant la couleur de leur habit est obscure. Les prêtres de Saturne ne sont ni blancs ni noirs, ils sont tous rouges,