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ment et par places ; la végétation souffre et languit, malgré l’abondance des rosées ; les pâturages se dessèchent, les bestiaux se dispersent à la recherche des ruisseaux et des sources que le soleil n’a pas taris, et le pays suffit avec peine à la nourriture de ses habitants.

Quoiqu’il ne soit pas impossible, surtout dans la partie méridionale du Paraguay, de reconnaître quatre saisons dans l’année, il vaut mieux, à l’exemple des habitants eux-mêmes, n’en admettre que deux, l’hiver et l’été. Malgré cette distinction, on peut encore dire qu’il fait chaud lorsque le vent souffle du nord, et qu’il fait frais, lorsque le vent vient du sud. La marche du soleil et sa hauteur au-dessus de l’horizon, n’exerceraient donc ici qu’une influence secondaire sur la température.

Considéré dans son ensemble, et abstraction faite des années exceptionnelles, le climat du Paraguay est à la fois chaud et sec.

La température est très-variable et sa marche irrégulière. Cela vient de ce qu’elle dépend moins de l’influence directe du soleil, de sa distance au zénith de l’observateur, que de la direction des vents qui en sont les modificateurs les plus puissants, et comme elle irréguliers et variables.

Pendant huit mois de l’année, la colonne thermométrique descend rarement, à midi, au-dessous de 25° la moyenne est de 29 à 30° ; toutefois, elle peut monter exceptionnellement jusqu’à 30 et même 40°.

Durant les mois les plus froids, de juin à octobre, le mercure oscille, vers le milieu du jour, entre 15 et 20°, mais il peut s’élever à 25, 30° et plus, si le vent se fixe au nord, ce qui arrive assez fréquemment.

Habitants de la campagne, au Paraguay. — Dessin de Sauvageot.

Le vent du sud-ouest porte le nom de pampero, parce qu’il traverse les steppes des Pampas en été, il amène toujours un orage. Il n’est pas sans exemple que le vent de sud-ouest ait produit de désastreux effets, car, comme il a parcouru depuis le détroit de Magellan des espaces immenses, sans rencontrer quelques montagnes ou des forêts pour lui faire obstacle et rompre son impétuosité, il peut arriver qu’il prenne les proportions d’un effroyable ouragan. Alors, il déracine les plus gros arbres, disperse leurs débris, abat les maisons, ravage les champs cultivés et détruit les récoltes. Les annales de la navigation abondent en récits de nombreux sinistres causés dans le Rio de la Plata par des vents furieux du sud-ouest et de sud-est. Les premiers, très-redoutés à Montevideo, font chasser les bâtiments sur leurs ancres, et souvent les jettent à la côte, en brisant les câbles et les manœuvres.

Les seconds occasionnent de fréquents naufrages sur la rive droite du fleuve, dont ils élèvent les eaux à une hauteur considérable, en les poussant à de grandes distances dans l’intérieur des terres, où parfois des navires d’un fort tonnage sont allés s’échouer. J’ai vu, au milieu des jardins de la quinta de Palerme, propriété du général Rosas, un gros brick de commerce qu’une tempête y avait transporté à la distance d’un mille de la côte. La fille du général avait eu l’idée très-originale de relever le vaisseau, de réparer ses agrès, et d’en distribuer l’intérieur en salons d’été où elle recevait la société de Buenos-Ayres et les étrangers.

Les conditions climatériques qui président à l’accomplissement de l’acte de la végétation, diffèrent assez notablement, au Paraguay, de celles que l’on rencontre à la même distance de l’équateur, sur les côtes océaniques. Nous savons, en effet, que c’est par la rareté et la variabilité des phénomènes hydrométéoriques, par des alternances de sécheresse et d’humidité extrêmes que le climat se distingue à la fois du climat de la zone inter-