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Page:Le conseiller des femmes, 5 - 1833.pdf/9

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En cet instant les pensées de Madeleine furent interrompues par l’arrivée de Christine, la même qui, trois ans auparavant, avait voulu l’empêcher d’adopter Louis, mais qui depuis n’avait négligé aucune occasion de lui rendre service.

— Tenez voisine, lui dit-elle, voici une lettre que le facteur m’a remise pour vous. Il me semble, continua-t-elle d’un air insinuant et curieux, que c’est une personne de considération qui vous écrit, car le papier est si fin et le cachet si large, que cela ne vous a pas un air de lézinerie. C’est dommage que je ne sache pas lire, je vous offrirais de vous déchiffrer ce grimoire, que vos pauvres yeux ont de la peine à débrouiller.

Pendant toute cette allocution tant soit peu verbeuse, la bonne Madeleine surprise et tout émue s’était levée, avait pris ses lunettes, et après en avoir soigneusement frotté les verres, s’était mise à l’œuvre lente et difficile de lire la missive ; car ses yeux ne lui rendaient que de faibles services. D’un ton monotone et nazillard elle marmottait donc ces mots à mesure qu’elle pouvait les assembler ; et Christine attentive parvint à saisir ces phrases détachées : « De retour en France… finir vos jours près de nous… recevoir le prix de vos anciens services, par le repos de vos dernières années. »

— Qu’est-ce qu’on vous dit donc dans ce papier Madeleine, est-ce que quelqu’un veut vraiment prendre soin de vous ?

— Oui ; dit Madeleine en repliant la lettre qui avait attiré sur ses paupières une larme de joie et de reconnaissance, oui c’est mon digne maître et sa chère femme, que Dieu bénisse ! qui, revenus en France, m’appellent auprès d’eux et m’envoient ce bon payable au bureau de la poste, à l’intention de fournir à mon