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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/100

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les mille nuits et une nuit

les vieux rameaux des arbres, mes pleurs coulent sur mes joues ridées.

L’adieu de votre départ, c’est l’adieu à notre vie ! Votre perte est la perte de notre âme, ô mes petits enfants, et c’est moi, hélas ! qui reste.

Vous étiez mon âme ! Comment, mon âme m’ayant quittée, puis-je vivre encore, ô mes pauvres petits ! Et c’est moi qui reste ! »

Et voilà pour elle ! Mais pour ce qui est de Hassân, lorsqu’il eut passé trois mois avec les sept princesses, il songea à partir, pour ne point jeter dans l’inquiétude sa mère et son épouse. Et il battit la peau de coq du tambour ; et les dromadaires se présentèrent. Et ses sœurs en choisirent dix et renvoyèrent les autres. Et elles chargèrent cinq dromadaires de lingots d’or et d’argent, et cinq de pierreries. Et elles lui firent promettre de revenir les voir au bout d’un an. Puis elles l’embrassèrent toutes, l’une après l’autre, en se mettant sur un rang ; et chacune à son tour lui adressa une ou deux strophes fort tendres, où elles lui exprimaient combien les affligeait son départ. Et elles se balançaient rythmiquement sur leurs hanches, en marquant la mesure des vers. Et Hassân leur répondit par ce poème improvisé :

« Mes larmes sont des perles dont je vous offre un collier, mes sœurs ! Voici qu’au jour du départ, affermi dans les étriers, je ne puis détourner les rênes !

Ô mes sœurs, comment m’arracher de vos bras aimants ? mon corps s’éloigne, mais mon âme vous reste. Hélas ! hélas ! comment détourner les rênes, le pied déjà dans l’étrier ? »