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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/99

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les aventures de hassân al-bassri
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son vol, et disparut dans les nuages avec ses deux enfants.

Quant à la pauvre mère de Hassân, elle fut sur le point d’expirer de douleur, et resta affaissée sur le sol sans mouvement. Et Sett Zobéida se pencha sur elle, et lui prodigua elle-même les soins nécessaires ; et, l’ayant un peu ranimée, lui dit : « Ah ! ma mère, que ne m’as-tu plutôt prévenue, au lieu de tout nier, que Splendeur pouvait faire un semblable usage de cette robe enchantée, de ce manteau fatal ! Je me serais alors bien gardée de le mettre en son pouvoir ! Mais comment pouvais-je deviner que l’épouse de ton fils était de la race des genn aériens ? Je te prie donc, ma bonne mère, de me pardonner mon ignorance et de ne point trop blâmer un acte que je ne calculai point ! » Et la pauvre vieille dit : « Ô ma maîtresse, je suis la seule coupable ! Et l’esclave n’a point à pardonner à sa souveraine ! Chacun porte sa destinée attachée à son cou ! La mienne et celle de mon fils, c’est de mourir de douleur ! » Et, sur ces paroles, elle sortit du palais au milieu des pleurs de toutes les femmes, et se traîna jusqu’à sa maison. Et là elle chercha les petits enfants, et ne les trouva pas ; et elle chercha l’épouse de son fils, et elle ne la trouva pas ! Alors elle fondit en larmes et en sanglots, plus près de la mort que de la vie. Et elle fit élever dans la maison trois tombeaux, un grand et deux petits, auprès desquels elle passait les jours et les nuits à gémir et à pleurer. Et elle récitait ces vers et bien d’autres encore :

« Ô mes pauvres petits enfants ! comme la pluie sur