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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/101

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les aventures de hassân al-bassri
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Puis Hassân s’éloigna sur son dromadaire, à la tête du convoi, et arriva heureusement à Baghdad, la Cité de Paix.

Or, en entrant dans sa maison, Hassân eut peine à reconnaître sa mère, tant les larmes, le jeûne et les veilles l’avaient changée, l’infortunée. Et, comme il ne voyait point accourir son épouse avec les enfants, il demanda à sa mère : « Où est la femme ? Et où sont les enfants ? » Et sa mère ne put répondre que par ses sanglots. Et Hassân se mit à courir comme un fou à travers les pièces, et il vit, dans la salle de réunion, ouvert et vide, le coffre où il avait enfermé le manteau enchanté. Et il se retourna et vit, au milieu de la pièce, les trois tombeaux ! Alors il s’écroula tout de son long, le front sur la pierre, sans connaissance. Et, malgré les soins de sa mère qui avait volé à son secours, il resta dans cet état depuis le matin jusqu’à la nuit. Mais il finit par revenir à lui, et déchira ses vêtements et couvrit sa tête de cendres et de poussière. Puis soudain il se précipita sur son épée, et voulut s’en transpercer. Mais sa mère se jeta entre lui et son épée, en étendant les bras. Et elle lui prit la tête contre sa poitrine, et le fit s’asseoir, bien que, de désespoir, il se roulât par terre comme un serpent. Et elle se mit à lui raconter, peu à peu, tout ce qui s’était passé pendant son absence, et conclut en lui disant : « Tu vois, mon fils, que, malgré l’immensité de notre malheur, le désespoir ne doit pas encore entrer dans ton cœur, puisque tu peux retrouver ton épouse dans les îles Wak-Wak…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.