Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
les mille nuits et une nuit

dans les îles Wak-Wak la vertu de mes poils n’aura plus d’effet, et que tu seras abandonné à tes propres moyens ! » Et Hassân dit : « Il faut que j’aille tout de même retrouver mon épouse ! Et il me reste encore ce tambour magique qui pourra me servir en cas de danger pour me tirer d’embarras ! » Et le cheikh Ali regarda le tambour et dit : « Oh ! je le reconnais ! C’est celui qui appartenait à Bahram le Guèbre, un de mes anciens disciples, le seul qui ait cessé de marcher dans la voie d’Allah ! Mais, ô Hassân, sache que ce tambour-là, non plus, ne pourra guère te servir dans les îles Wak-Wak, où se défont tous les enchantements, et où les genn, habitants de l’île, n’obéissent qu’à leur seul roi ! » Et Hassân dit : « Celui qui doit vivre dix ans ne mourra pas dans sa neuvième année ! Si donc ma destinée est de mourir dans ces îles-là, il n’y a pas d’inconvénient ! Je te supplie donc, ô vénérable cheikh des cheikhs, de me dire le chemin que je dois suivre pour y aller ! » Et le cheikh Ali alors, pour toute réponse, le prit par la main, et lui dit : « Ferme les yeux et ouvre-les ! » Et Hassân ferma les yeux ; puis, l’instant d’après, il les ouvrit. Et tout avait disparu, aussi bien le cheikh Père-des-Plumes, que le palais de la fille du roi et que la terre de camphre blanc. Et il se vit sur le rivage d’une île dont les galets étaient des pierreries de couleurs différentes. Et il ne savait point s’il était enfin arrivé aux îles tant désirées.

Or, Hassân avait à peine eu le temps de tourner un œil à droite et un œil à gauche, qu’aussitôt fondirent sur lui, sortis des galets marins et de l’écume