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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/125

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les aventures de hassân al-bassri
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des vagues, des bandes de grands oiseaux blancs, qui couvrirent le ciel d’un nuage dense et bas. Et le vol ennemi s’avança contre lui en tourbillon, avec un vacarme de becs menaçants et d’ailes agitées ; et tous les gosiers aériens poussèrent en même temps un cri rauque, mille fois répété, dans lequel Hassân reconnut enfin les syllabes Wak-Wak du nom des îles ! Alors il comprit qu’il était arrivé sur ces terres interdites, et que ces oiseaux le considéraient comme un intrus et cherchaient à le repousser vers la mer. Et Hassân courut se réfugier dans une cabane qui s’élevait non loin de là, et se mit à réfléchir sur l’affaire.

Soudain, il entendit gronder la terre et la sentit trembler sous ses pieds ; et il prêta l’oreille, en retenant sa respiration, et vit au loin grossir un autre nuage, d’où peu à peu surgirent au soleil des pointes de lances et de casques, et brillèrent des armures. Les amazones ! Où fuir ? Et le galop furieux, rapide comme la grêle qui tombe, comme l’éclair qui brille, se rapprocha en un clin d’œil. Et devant lui apparurent, massées en un carré mouvant et formidable, des guerrières montées sur des cavales fauves comme l’or pur, à la queue longue, au jarret vigoureux, portant les rênes hautes et libres, plus promptes que le vent du nord lorsqu’il souffle avec violence de la mer tempétueuse. Et ces guerrières, armées pour le combat, portaient chacune un sabre pesant au côté, une longue lance dans une main et dans l’autre une masse d’armes qui épouvantait la pensée ; et elles tenaient, serrées sous leurs cuisses, quatre javelines qui montraient leurs têtes épouvantables.