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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/135

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les aventures de hassân al-bassri
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n’est impossible ? » Elle répondit : « Certes, mon fils, je puis beaucoup sur mes troupes et sur chacune en particulier des amazones qui les composent ! Aussi je veux, pour te détourner de ton projet insensé, que tu choisisses, parmi toutes ces adolescentes guerrières, celle qui te plaît le mieux ; et moi je te la donnerai à la place de ton épouse ! Et ensuite tu retourneras avec elle dans ton pays, et tu seras à l’abri de la vengeance de notre roi ! Sinon ma perte et la tienne sont inévitables ! » Mais Hassân ne répondit à ce conseil de la vieille que par de nouvelles larmes et de nouveaux sanglots. Et la vieille, émue de l’excès de sa douleur, lui dit : « Par Allah sur toi, ô Hassân, que veux-tu donc que je fasse pour toi ? Si déjà l’on vient à découvrir que je t’ai laissé aborder dans nos îles, ma tête n’appartiendra plus à mes épaules. Et si jamais on vient à savoir que je t’ai fait voir dans le bain, toutes nues, mes guerrières adolescentes, des jeunes filles vierges que nul regard de mâle n’a effleurées et que nul doigt d’homme n’a touchées, mon âme ne m’appartiendra plus ! » Et Hassân s’écria : « Par Allah ! ô ma maîtresse, je t’assure que je n’ai point regardé d’une façon inconvenante ces jeunes filles, et je n’ai point prêté grande attention à leur nudité ! » Et la vieille dit : « Tu as eu tort justement, ô Hassân, car de ta vie entière tu n’auras encore pareil spectacle ! En tout cas, si aucune de ces vierges ne te tente, pour te décider à retourner dans ton pays et à sauvegarder ainsi ton âme, je te chargerai des richesses et des produits précieux de nos îles, et te comblerai de biens qui te rendront riche et heureux pour le restant de tes jours ! »