Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
les mille nuits et une nuit

Mais Hassân se précipita aux pieds de la vieille, lui embrassa les genoux et lui dit en pleurant : « Ô ma bienfaitrice, ô prunelle de mes yeux, ô ma souveraine, comment puis-je retourner dans mon pays après avoir souffert tant de fatigues et bravé tant de dangers ? Comment pourrais-je quitter cette île sans avoir vu la bien-aimée dont l’amour m’y a conduit ? Ah ! songe, ô ma maîtresse, que peut-être la volonté de la destinée est que je retrouve mon épouse après toutes les souffrances que j’ai endurées ! » Et, ayant dit ces paroles, Hassân ne put retenir l’élan de son âme, et il improvisa ces strophes :

« Ô reine de la beauté, aie pitié du prisonnier de deux paupières qui ont subjugué les royaumes des Khosroès.

Ni les roses, ni les nards, ni les essences aromatiques ne peuvent se passer, pour leurs vertus, de ton haleine.

La brise des plaines du paradis s’arrête dans tes cheveux pour embaumer les heureux qui la respirent.

Les pléiades qui brillent le soir prennent de tes yeux leur clarté, et les astres des nuits sont seuls dignes de servir de collier à ta gorge, ô blanche jeune femme ! »

Lorsque la vieille amazone eut entendu ces vers de Hassân, elle vit qu’il serait vraiment cruel de lui enlever pour toujours l’espoir de revoir son épouse, et elle compatit à sa douleur et lui dit : « Mon fils, éloigne de ta pensée l’affliction et le désespoir. Car maintenant je suis bien décidée à tout tenter pour te