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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/139

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les aventures de hassân al-bassri
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d’impudicité, qui me servira à boire une gorgée de ton sang, ou à manger une bouchée de ta chair ? » Et la vieille guerrière se mit à trembler comme un roseau au milieu de la tempête, et tomba aux genoux de la princesse, qui lui cria : « Ne crains-tu donc pas la punition que t’attirent ma vengeance et mon courroux ? Par la tête de mon père, le grand roi des genn ! je ne sais ce qui me retient en ce moment de te faire couper en morceaux, afin que tu serves d’exemple dans l’avenir aux guides d’infamie qui voudront introduire les voyageurs dans nos îles ! » Puis elle ajouta : « Mais, avant tout, hâte-toi d’aller me chercher cet adamite téméraire qui a osé violer nos frontières ! » Et la vieille se releva, ne sachant plus, dans sa terreur, distinguer sa main droite de sa main gauche, et sortit pour aller trouver Hassân. Et elle pensait : « Cette affreuse calamité, qu’Allah m’envoie par l’entremise de la reine, m’est tout entière suscitée par ce jeune Hassân ! Que ne l’ai-je plutôt obligé à quitter cette île, et à nous faire voir la largeur de son dos ! » Et elle arriva de la sorte à l’endroit où se trouvait Hassân et lui dit, dès qu’elle l’eut aperçu : « Lève-toi, ô celui dont le terme final est proche ! Et viens chez la reine qui a à te parler ! » Et Hassân suivit la vieille, en disant : « Ya salam ! Dans quel abîme vais-je être précipité ! » Et il arriva de la sorte dans le palais, entre les mains de la princesse. Et elle le reçut, assise sur son trône et le visage entièrement couvert de son voile. Et Hassân ne trouva rien de mieux à faire, dans cette pénible circonstance, que de commencer par embrasser la terre devant le trône et, après le salam, d’adresser un com-