Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
les aventures de hassân al-bassri
155

vieille s’écria : « Louanges à Allah, ô Hassân, qui ranime les ossements des morts, et qui t’a envoyé ce bonnet pour notre salut ! Hâte-toi de me délivrer, afin que je te montre le cachot où est enfermée ton épouse ! » Et Hassân coupa les liens de la vieille, et la prit par la main, et se couvrit la tête du bonnet enchanté. El aussitôt ils devinrent tous deux invisibles. Et la vieille le conduisit dans le cachot où gisait son épouse Splendeur attachée par les cheveux à une échelle, et attendant à chaque instant la mort dans les supplices. Et il l’entendit qui récitait à mi-voix ces vers :

« La nuit est obscure, et triste est ma solitude. Ô mes yeux, laissez couler la source de mes larmes. Mon bien-aimé est loin de moi ! D’où pourrait me venir l’espérance, alors que mon cœur et l’espérance sont partis avec lui.

Coulez, ô mes larmes, coulez de mes yeux ; mais, hélas ! réussirez-vous jamais à éteindre le feu qui dévore mes entrailles ?… Ô fugitif amant, ton image est ensevelie dans mon cœur, et les vers de la tombe eux-mêmes ne pourront l’effacer ! »

Et Hassân, bien qu’il eût souhaité ne point brusquer la reconnaissance afin d’éviter une émotion trop grande à son épouse, ne put, en entendant et en voyant sa bien-aimée Splendeur, résister plus longtemps aux tourments qui l’agitaient, et il enleva son bonnet et se précipita vers elle en l’entourant de ses bras. Et elle le reconnut, et s’évanouit contre sa poitrine. Et Hassân, aidé de la vieille, coupa ses