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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/174

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les mille nuits et une nuit

Je viens donc solliciter de ta justice son élargissement, sans quoi ma maison va tomber en ruines ; et moi je mourrai de faim ! » Or, dès que le wali eut vu l’adolescente, son cœur travailla beaucoup à son sujet ; et il en tomba amoureux ; et il lui dit : « Certes ! je suis disposé à élargir ton frère ! Mais, auparavant, entre dans le harem de ma maison, et je viendrai te retrouver à la fin des audiences, pour causer avec toi de la chose ! » Mais elle, comprenant ce qu’il lui voulait, se dit : « Par Allah ! ô barbe de poix, tu ne me toucheras qu’au temps des abricots ! » Et elle répondit : « Ô notre seigneur le wali, il est préférable que tu viennes toi-même dans ma maison, où nous aurons tout loisir de causer de la chose avec plus de tranquillité qu’ici, où je ne suis qu’une étrangère ! » Et le wali, à la limite de la joie, lui demanda : « Et où se trouve ta maison ? » Elle dit : « Dans tel endroit ! El je t’y attendrai ce soir au coucher du soleil » Et elle sortit de chez le wali, qu’elle laissa plongé dans une mer agitée, et alla trouver le kâdi de la ville.

Elle entra donc chez le kâdi, qui était un homme d’âge, et lui dit : « Ô notre maître le kâdi ! » Il dit : « Oui ! » Elle continua : « Je te supplie de jeter tes regards sur mon cas, et Allah t’en saura gré ! » Il demanda : « Qui t’a opprimée ? » Elle répondit : « Un cheikh perfide qui, grâce à ses faux témoins, a réussi à faire emprisonner mon frère, le seul soutien de ma maison. Et je viens te prier d’intercéder auprès du wali, pour qu’il fasse relâcher mon frère ! » Or, lorsque le kâdi vit et entendit l’adolescente, il en tomba éperdument amoureux, et lui dit : « Certes ! je veux