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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/192

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les mille nuits et une nuit

à une bouche de latrine ; ses yeux, couleur de poisson, dévient des deux côtés et risquent de tomber à ses pieds ; ses lèvres tuméfiées ont l’air d’une plaie de mauvaise nature, et lancent, quand il parle, des jets de salive ; ses oreilles sont des oreilles de porc ; ses joues flasques et fardées ressemblent au derrière d’un vieux singe ; ses mâchoires sont édentées à force d’avoir mâché les ordures ; son corps est atteint de toutes les maladies ; quant à son fondement il n’existe plus : à force d’avoir servi de fosse aux outils des âniers, des vidangeurs et des balayeurs, il est tombé en pourriture et se trouve maintenant remplacé par des tampons de laine qui empêchent ses tripes de tomber.

« Or, c’est précisément cette ignoble crapule qui, avec l’aide des deux autres crapules que je vais te dépeindre, se permet de jeter le trouble dans tout le quartier. En effet, il n’y a point de vilenie qu’il ne commette et de calomnie qu’il ne répande, et, comme il a une âme excrémenteuse, c’est sur les gens honnêtes, tranquilles et propres, qu’il exerce sa méchanceté de vieille femme. Mais comme il ne peut se trouver partout pour infecter le quartier de sa pestilence, il a à son service deux aides tout aussi infâmes que lui.

« Le premier de ces infâmes est un esclave au visage glabre comme les eunuques, aux yeux jaunes et à la voix aussi désagréable que le son qui sort du derrière des ânes. Et cet esclave, fils de putain et de chien, se fait passer pour un noble Arabe alors qu’il n’est qu’un Roumi de la plus ville et de la plus basse extraction. Son métier consiste à aller tenir compa-