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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/211

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histoire du dormeur éveillé
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« … Je suis le khalifat ! » Et il regarda à sa droite et il regarda à sa gauche ; et ce qu’il vit le consolida encore davantage dans l’idée de sa royauté. Il était au milieu d’une salle splendide où l’or brillait sur toutes les parois, où les couleurs les plus agréables se dessinaient d’une façon variée sur les tentures et les tapis, et où, suspendus au plafond d’azur, sept lustres d’or à sept branches, mettaient un éclat incomparable. Et au milieu de la salle, sur des tabourets bas, étaient sept grands plateaux d’or massif, couverts de mets admirables dont l’odeur embaumait l’air d’ambre et d’épiceries. Et autour de ces plateaux étaient debout, attendant un signe, sept adolescentes, d’une beauté incomparable, vêtues de robes de couleurs et de formes différentes. Et elles tenaient chacune à la main un éventail, prêtes à en rafraîchir l’air autour d’Aboul-Hassân.

Alors Aboul-Hassân, qui depuis la veille n’avait encore rien mangé, s’assit devant les plateaux ; et aussitôt les sept adolescentes se mirent à agiter toutes ensemble leurs éventails, pour faire de l’air autour de lui. Mais, comme il n’était point habitué à recevoir tant d’air en mangeant, il regarda les adolescentes l’une après l’autre, avec un sourire gracieux, et leur dit : « Par Allah, ô jouvencelles, je crois bien qu’une seule personne suffit pour me donner de l’air. Venez donc toutes vous asseoir autour de moi, pour me tenir compagnie. Et dites à cette négresse, qui est là, de venir nous faire de l’air ! » Et il les obligea à venir se placer à sa droite, à sa gauche et devant lui, de façon à ce que, de quelque côté qu’il se tournât, il eût devant les yeux un spectacle agréable.