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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/212

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les mille nuits et une nuit

Alors il commença à manger ; mais, au bout de quelques instants, il s’aperçut que les adolescentes n’osaient point toucher à la nourriture, par égard pour lui ; et il les invita à plusieurs reprises à se servir sans contrainte, et il leur offrit même de sa propre main des morceaux choisis. Puis il les interrogea, chacune à son tour, sur leurs noms ; et elles lui répondirent : « Nous nous appelons Grain-de-Musc, Cou-d’Albâtre, Feuille-de-Rose, Cœur-de-Grenade, Bouche-de-Corail, Noix-Muscade, et Canne-à-Sucre ! » Et, en entendant des noms si gracieux, il s’écria : « Par Allah ! ces noms vous conviennent, ô jeunes filles ! Car ni le musc, ni l’albâtre, ni la rose, ni la grenade, ni le corail, ni la noix muscade, ni la canne à sucre ne perdent leurs qualités à travers votre grâce ! » Et il continua, durant le repas, à leur dire des paroles si exquises, que le khalifat, caché derrière un rideau, et qui l’observait avec une grande attention, se félicita de plus en plus d’avoir organisé un tel divertissement.

Lorsque le repas fut terminé, les adolescentes avertirent les eunuques, qui aussitôt apportèrent de quoi se laver les mains. Et les adolescentes s’empressèrent de prendre des mains des eunuques le bassin d’or, l’aiguière et les serviettes parfumées et, se mettant à genoux devant Aboul-Hassân, elles firent couler l’eau sur ses mains. Puis elles l’aidèrent à se lever ; et, les eunuques ayant tiré une grande portière, une seconde salle apparut où étaient rangés les fruits sur les plateaux d’or. Et les adolescentes l’accompagnèrent jusqu’à la porte de cette salle, et se retirèrent.