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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/233

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histoire du dormeur éveillé
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patir réellement au sort du malheureux Aboul-Hassân. Il cessa dès lors d’avoir à son sujet nulle intention de raillerie, et l’embrassa cette fois avec beaucoup de véritable affection, et lui dit : « Par Allah sur toi, mon frère Aboul-Hassân, je te supplie de m’emmener à ta maison pour cette nuit encore, car je souhaite me réjouir l’âme de ton hospitalité. Et tu verras que demain Allah te rendra au centuple ton bienfait ! » Et il continua à lui dire de si bonnes paroles et à l’embrasser si affectueusement qu’il le décida, malgré sa résolution de ne jamais recevoir deux fois la même personne, à l’emmener à sa maison. Mais, en chemin, il lui dit : « Je cède à tes importunités, mais bien à regret. Et en retour je ne veux te demander qu’une seule chose, c’est de ne pas oublier cette fois de fermer la porte, en sortant demain matin de ma maison ! » Et le khalifat, étouffant en son intérieur le rire qui le secouait à cette croyance qu’avait toujours Aboul-Hassân de l’entrée chez lui du Cheitân par la porte ouverte, lui promit par serment qu’il prendrait soin de la fermer. Et ils arrivèrent de la sorte à la maison.

Lorsqu’ils furent entrés, et qu’ils se furent un peu reposés, l’esclave les servit et, après le repas, leur apporta les boissons. Et, la coupe à la main, ils se mirent à s’entretenir agréablement de choses et d’autres, jusqu’à ce que la boisson eût fermenté dans leur raison. Alors le khalifat mit adroitement la causerie sur les choses de l’amour, et demanda à son hôte s’il lui était arrivé de s’éprendre violemment des femmes, ou s’il s’était déjà marié, ou s’il était toujours resté célibataire. Et Aboul-Hassân