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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/278

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les mille nuits et une nuit

Lorsque le bel Anis eut aperçu Zein Al-Mawassif dans tout l’éclat de sa beauté, il s’arrêta ébloui et se demanda : « Est-ce bien elle ou bien l’une des nouvelles mariées qu’on ne voit qu’au paradis ? » Mais Zein Al-Mawassif, satisfaite de l’effet produit sur Anis, vint à lui en souriant, lui prit la main et le conduisit jusqu’au divan large et bas où elle s’asseyait, et le fit s’asseoir à côté d’elle. Puis elle fit signe à ses suivantes qui, aussitôt, apportèrent une grande table basse, faite d’un seul morceau d’argent et sur laquelle étaient gravés ces vers gastronomiques :

Enfonce-toi, avec les cuillers, dans les grandes saucières, et réjouis tes yeux et réjouis ton cœur de toutes ces espèces admirables et variées :

Les ragoûts et les fricassées, les rôtis et les bouillis, les confitures et les gelées, les fritures et les compotes à l’air libre ou à l’étuvée.

Ô cailles, ô poulets, ô chapons, ô attendrissants, je vous adore !

Et vous, agneaux, si longtemps nourris de pistaches, et maintenant farcis de raisins sur ce plateau, ô excellences !

Moi, bien que vous n’ayez point d’ailes comme les cailles et les poulets et les chapons, je vous aime bien !

Quant à toi, ô kabab grillé, qu’Allah te bénisse ! Jamais ta dorure ne me verra lui dire non !

Et toi, salade de pourpier, qui bois dans cette écuelle l’âme même des oliviers, mon esprit t’appartient, ô mon amie !

Frémis de plaisir dans ma poitrine, ô mon cœur, à