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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/285

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les amours de zein al-mawassif
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sujet ! » Il répondit : « De tout cœur, je le ferai ! Par ma vie, ton idée est sensée ! Tranquillise donc ton âme, et tâche de revenir à ton teint brillant d’autrefois ! » Puis il l’embrassa et se rendit à sa boutique, car c’était un grand marchand, juif de religion. Et son épouse également, la jouvencelle, était juive comme lui.

Or, Anis, qui avait pris toutes les informations au sujet du nouveau métier qu’il devait exercer, attendait le mari à la porte de sa boutique. Et, pour lier tout de suite connaissance, il lui offrit des parfums et des épices, à un prix bien au-dessous du cours. Et le mari de Zein Al-Mawassif, qui avait l’âme endurcie des juifs, fut tellement satisfait de cette affaire et des procédés d’Anis et de ses bonnes manières qu’il devint son client habituel. Et il finit, au bout de quelques jours, par lui proposer de s’associer avec lui, s’il pouvait apporter un capital suffisant. Et Anis ne manqua pas d’accepter une offre qui devait le rapprocher, sans aucun doute, de sa bien-aimée Zein Al-Mawassif ; et il répondit qu’il avait ce même désir et qu’il souhaitait fort être l’associé d’un marchand aussi estimable. Et ils dressèrent, sans tarder, leur contrat d’association, et y apposèrent leurs sceaux, devant deux témoins d’entre les notables du souk.

Or, le soir même, l’époux de Zein Al-Mawassif, pour fêter son contrat d’association, invita son nouvel associé à venir dans sa maison partager son repas. Et il l’emmena ; et, comme il était juif, et que les juifs n’ont pas de honte et ne gardent pas leurs femmes cachées aux regards des étrangers, il