voulut lui faire connaître son épouse. Et il alla la prévenir de l’arrivée de son associé Anis, et lui dit : « C’est un jeune homme riche et de bonnes manières. Et je désire que tu viennes le voir ! » Et Zein Al-Mawassif, transportée de joie à cette nouvelle, ne voulut point tout de même laisser voir ses sentiments, et, feignant d’être extrêmement indignée, s’écria : « Par Allah ! comment oses-tu, ô père de la barbe, introduire les étrangers dans l’intimité de ta maison ! Et de quel œil prétends-tu m’imposer la dure nécessité de me montrer à eux, le visage découvert ou voilé ! Le nom d’Allah sur moi et autour de moi ! Dois-je oublier la modestie qui convient aux jeunes femmes, parce que tu as trouvé un associé ? Je me ferais plutôt couper en morceaux ! » Mais il répondit : « Quelles paroles inconsidérées tu dis là, ô femme ! Et depuis quand avons-nous résolu de faire comme les musulmans, dont c’est la loi de cacher leurs femmes ? Et quelle honte déplacée, et quelle modestie hors de saison ! Nous sommes des moïsites, et ta délicatesse à ce sujet est bien excessive pour une moïsite ! » Et il lui parla ainsi. Mais, en son âme, il pensait : « Quelle bénédiction d’Allah sur ma maison, d’avoir une épouse si chaste, si modeste, si sage et si pleine de retenue ! » Puis il se mit à lui parler avec tant d’éloquence qu’il finit par la persuader de venir rendre elle-même les devoirs de l’hospitalité à son nouvel associé.
Or, Anis et Zein Al-Mawassif se gardèrent bien, en se voyant, de laisser paraître qu’ils se connaissaient. Et Anis, durant tout le repas, tint les yeux