Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
les mille nuits et une nuit

ce qui était arrivé au premier. Et il fut chassé, et revint tête basse auprès du patriarche, qui alors envoya un troisième, puis un quatrième et un cinquième, et ainsi de suite, jusqu’au quarantième. Et, chaque fois, le moine envoyé en pourparlers, revenait sans résultat, n’ayant pu exposer la mission de son patriarche, et n’ayant manifesté sa présence que par le soulèvement de l’héritage paternel.

Lorsque le patriarche vit tout cela, il se ressouvint du proverbe qui dit : « Il n’est que de se gratter avec ses propres ongles et de marcher sur ses propres pieds ! » Et il résolut d’agir par lui-même.

Alors il se leva et entra d’un pas grave et mesuré dans la chambre où se tenait Zein Al-Mawassif. Et voici ! Exactement, comme à ses moines, il lui arriva tout ce qui leur était arrivé en fait de langue nouée en mille nœuds et d’éloquence d’outil. Et, devant le rire et les railleries de la jouvencelle et de ses compagnes, il sortit de la chambre, le nez allongé jusqu’à ses pieds.

Or, dès qu’il fut sorti, Zein Al-Mawassif se leva et dit à ses compagnes : « Par Allah ! il nous faut déguerpir de ce monastère au plus vite, car j’ai bien peur que ces moines terribles et leur patriarche puant ne viennent nous violenter cette nuit, et nous salir de leur contact avilissant ! » Et, à la faveur des ténèbres, elles se glissèrent toutes les cinq hors du monastère, et, remontant sur leurs chameaux, continuèrent leur route pour leur pays. Et voilà pour elles.

Quant au patriarche et aux quarante moines, lorsqu’ils se furent réveillés le matin, et qu’ils se